
L'intolérance envers autrui est un phénomène délicat qui va bien au-delà de la simple aversion pour les différences. En effet, elle peut souvent révéler des conflits internes non résolus chez l'individu, se manifestant par le jugement, la discrimination ou le rejet.
I. L'intolérance comme violation de soi-même
A. Définition de l'intolérance
L'intolérance se définit comme le refus d'accepter les différences, que ce soit en termes de culture, de croyances ou de comportements. Elle se manifeste généralement par des attitudes négatives, allant du jugement à la discrimination.
B. Rejet de soi-même
Lorsqu'une personne est intolérante, cela peut indiquer qu'elle rejette des aspects de sa propre identité. Par exemple, une personne qui critique des comportements qu'elle considère immoraux chez les autres pourrait, en réalité, lutter contre des sentiments similaires au sein d'elle-même. Ce rejet peut engendrer une forme de souffrance psychologique, car il n'est pas possible d'accepter pleinement les autres sans d'abord accepter qui nous sommes.
II. La projection des conflits internes
A. Mécanisme de défense psychologique
La projection est un mécanisme de défense psychologique par lequel une personne attribue ses propres émotions ou traits à autrui. Par exemple, quelqu'un qui ressent de la honte au sujet de ses propres comportements pourrait accuser les autres de ces mêmes comportements, créant ainsi un cycle de jugement et de rejet.
B. Impact sur les relations interpersonnelles
Cette projection peut avoir des conséquences néfastes sur les relations interpersonnelles. En critiquant ou en rejetant les autres, l’individu ne fait que renforcer ses propres conflits internes, perdant ainsi l'occasion de se confronter à ses propres failles. Cela peut également créer un fossé entre les individus et les communautés, empêchant la compréhension et l'acceptation mutuelles.
III. Justifications morales de l'intolérance
A. Morale subjective
Il est courant que les individus justifient leur intolérance par des raisons morales ou éthiques. Ils pensent défendre des valeurs "justes" ou "bonnes". Cependant, ces valeurs sont souvent subjectives et peuvent être influencées par les propres conflits internes de l'individu. Ainsi, ce qui est considéré comme moralement acceptable pour une personne peut être perçu comme inacceptable pour une autre.
B. Conflits moralisateurs
Les conflits moralisateurs résultent de cette projection de valeurs personnelles sur les autres. En se positionnant en tant que gardiens de la morale, les individus créent des tensions qui ne concernent pas seulement les actions des autres, mais reflètent une lutte interne. Au lieu de se concentrer sur l'acceptation des différences, ils se perdent dans une guerre de valeurs, alimentée par leurs propres insécurités.
Conclusion
L'intolérance envers les autres peut être comprise comme un reflet des conflits internes d'une personne. En rejetant des traits ou des comportements chez autrui, l'individu pourrait simplement projeter ses propres luttes internes, créant ainsi une dynamique de rejet qui renforce l'intolérance. Pour favoriser l'acceptation des différences et réduire ces conflits, il est important de reconnaître et d'accepter les aspects de soi-même que l'on trouve inacceptables chez les autres. En fin de compte, l'intolérance n'est pas seulement un problème social, mais un défi personnel qui nécessite une introspection et une volonté de changement. En travaillant sur soi-même, chacun peut participer à construire une société plus tolérante et ouverte.
Riad Zein