Désir et émotion
- Riad Zein
- 4 avr.
- 3 min de lecture

Comment peux-tu savoir ce que tu veux si tes émotions dominent tes désirs ? Les émotions vont dans tous les sens, elles sont dysharmonieuses et perturbatrices. Elles créent des appels au secours, des désirs impulsifs qui ne pourront jamais être assouvis, car ils n’ont pas de fondement véritable.
Le véritable désir est un choix entre deux états de paix. Si tu cherches cette paix parce que tu te sens mal, tu es encore sous l’emprise des émotions, et tu crois, à tort, que tu n’as pas le choix. Les émotions t’obligent à faire des choix de secours : elles te mettent au pied du mur et te poussent à chercher des moyens de survie. Lorsque tu es dominé par elles, tous tes choix s’alignent dans cette direction : lutter pour survivre. Mais cela n’est pas un désir libre.
Évite de prendre des décisions lorsque tu es submergé par une émotion. Tu risques de tourner en rond, de reproduire sans cesse les schémas du passé. Ce sont les émotions qui alimentent ton mode de vie routinier, répétitif. Une émotion contient toujours le résumé d’une histoire passée, désormais révolue. Elle entretient une coquille vide que tu conserves par habitude, sans prendre la peine de la remettre en question.
Elle contient aussi un jugement inutile, un refus du pardon, ce pardon qui pourtant pourrait te libérer. Même une émotion positive abrite un jugement, car elle repose sur le superlatif, sur la séparation : elle te dit « ceci est bon », sous-entendant alors que « cela pourrait être mauvais ».
Le désir, lorsqu’il est dégagé des émotions, est pur de toute culpabilité. Il est légitime, il ne provoque ni honte ni gêne. Le malentendu ne vient pas du désir, mais du jugement que tu y attaches. Si tu ôtes tout jugement de ton désir — par le processus du pardon — il perdra son aspect névrotique et deviendra un désir sain, « légitime ».
Tu juges sans cesse tes désirs, directement ou par projection sur les autres. Tu passes ton temps à chercher des coupables à condamner, et cela fait partie de tes désirs névrotiques. Libère-toi de cette émotion qui te pousse à juger, et tu te libéreras aussi de ces faux désirs qui ne t’apporteront jamais le bonheur. Tu pourras alors jouir librement, sans contrainte ni honte, de tes vrais désirs.
Tu as passé ta vie à édicter des interdits, pour toi comme pour les autres, sous prétexte de protéger la société. Mais en réalité, tu cherches à te protéger du plaisir de vivre, car tu te sens coupable et tu crois ne pas mériter le bonheur.
Pardonne-toi, et il n’y aura plus de perversion dans la société. Tu ne peux vivre la perversité que parce que tu as intégré la notion de « mal », conservée dans ta mémoire et ravivée par les émotions. Les « pervers » que tu rencontres sont les projections de situations non pardonnées du passé, entretenues par ton jugement. Ce problème ne peut se résoudre qu’en effaçant ces mémoires, à l’intérieur de toi.
Prends conscience de l’illusion de l’extérieur, cela allègera ta tâche et raccourcira ton temps « d’expiation ».
Jouir pleinement de la vie est une condition première pour les êtres vivants. Alors, à quoi bon vivre comme un zombie ? Et au nom de quoi ?
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