Innocence, pureté et conscience

La peur est une énigme née de l’esprit humain, un phénomène sans fondement réel dans l’univers. On l’a inventée pour donner un visage aux obscurités, et certains y ont cru. Par cette croyance, ils ont nourri des ombres dans un monde pourtant tissé d’illusions.

L’innocence, quant à elle, n’est pas une vertu mais l’expression d’une conscience encore malléable. L'innocent absorbe les idées du monde sans discernement, car il n’a pas encore bâti sa propre vision. Il se plie aux croyances collectives, sans réaliser qu’il peut choisir une voie différente.

Mais attention : il ne faut pas confondre innocence et pureté.

L’innocence est une ouverture naïve, fragile, encore influençable.

Elle reflète un manque d’expérience. La pureté, elle, est le fruit d’un cheminement intérieur : elle émane d’une conscience lucide, éveillée, qui a traversé les peurs et les illusions sans s’y attacher. Là où l’innocence subit, la pureté choisit en pleine lumière.

À la racine de chaque conflit, chaque douleur, se cache la peur.

C'est elle qui déforme notre perception, qui projette sur le monde l’image d’un Dieu menaçant, ou d’un avenir incertain. Toutes nos émotions, même les plus nobles, ont émergé sur ce terreau initial. La peur fut la première, et l’amour, à ce titre, ne vient pas s’y opposer : il est en dehors de cette dualité.Il est neutre, originel, pur.

Notre réalité se construit autour des sentiments que nous nourrissons.Ces derniers prennent racine dans nos croyances, et trop souvent, dans la peur du mal, dans la croyance en l’existence de l’ombre. Mais aucun sentiment ne peut être réellement transformé tant que la peur qui l’a engendré reste active.

La première peur est née d’une idée déconnectée de l’Amour.L’esprit humain, libre de créer, peut choisir : concevoir des pensées en rupture avec l’harmonie, ou s’accorder avec l’intelligence universelle, celle qui émane de l’Amour.

Dissiper la peur revient donc à faire un nouveau choix.Il s’agit de ne plus nourrir l’ancienne croyance, mais de se tourner vers une autre source : l’Esprit universel, cette part divine en nous, présente aussi dans les guides et les forces spirituelles qui nous accompagnent.

Ainsi, chaque obstacle est une invitation : quelle peur le provoque ? Quelle illusion le soutient ? En reconnaissant cette peur, en la regardant sans fuir, puis en l’offrant à une conscience plus vaste, on amorce sa dissolution La peur perd alors son emprise, car elle n’a jamais eu de réalité propre. Et l’amour, naturellement, prend sa place.

Tant qu’un sentiment est nié ou refoulé, il devient un mur entre nous et l’Esprit universel. Mais plus on se montre honnête, courageux et transparent, plus on s’ouvre à la paix et à l’harmonie véritable. C’est là le chemin du retour à soi.

Riad Zein