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L’illusion du péché, la vérité du cœur


La culpabilité est une ombre. Elle ne possède pas de substance propre, pas de fondement réel. Elle se forme là où la lumière de la conscience est absente. On pourrait la comparer à une brume mentale : épaisse en apparence, mais qui se dissipe dès que le soleil se lève.


Elle naît d’un malentendu ancien, enraciné dans l’esprit humain. Ce malentendu prend la forme d’une croyance tenace : celle d’être séparé — séparé des autres, de la vie, du divin, et même de soi-même. À partir de cette fausse perception, l’esprit crée un monde intérieur où règnent l’isolement, la peur, le doute et le jugement. Dans cet espace fermé, la culpabilité s’installe, comme une réponse à un crime qui n’a jamais été commis.


C’est une émotion persuasive. Elle se manifeste souvent sans mots, comme une sensation de lourdeur dans la poitrine, une tension diffuse, un écho persistant du passé. Elle s’insinue dans les gestes, dans les pensées, dans les décisions quotidiennes, et pousse à se rétracter, à se punir, à se taire ou à fuir.


Pourtant, en y regardant de plus près, la culpabilité n’est pas une vérité intérieure. Elle est une fabrication mentale, une construction. Elle résulte d’un conditionnement ancien, généralement hérité, renforcé par des discours moraux ou religieux mal compris, qui associent faute, mérite et souffrance. Mais en réalité, la culpabilité n’a d’emprise que dans l’absence de présence.


La lumière de l’attention — cette qualité particulière de l’esprit capable d’observer sans juger — agit comme un révélateur. Lorsqu’on prend le temps de tourner le regard vers ce qui fait mal, sans chercher à le fuir, quelque chose commence à changer. L’ombre ne peut subsister là où l’on regarde avec sincérité et bienveillance. Ce n’est pas la force qui dissipe la culpabilité, mais la clarté.


Regarder ainsi, c’est redonner à l’expérience son vrai visage. Ce que l’on croyait être une faute peut se révéler être une incompréhension, une peur mal exprimée, un besoin d’amour ou de reconnaissance resté muet. Ce que l’on croyait être une blessure irréparable peut devenir le point d’entrée vers une profonde réconciliation.


En chacun réside une clarté naturelle, antérieure à toute histoire personnelle. Elle n’a pas été créée, elle ne peut être corrompue. Cette clarté n’est pas une idée abstraite : elle se reconnaît dans le calme qui suit une prise de conscience, dans la paix subtile qui s’installe quand le jugement se retire. C'est elle qui témoigne de ce que tu es, au-delà de tes croyances, au-delà des erreurs réelles ou supposées.


Lorsque cette lumière devient ton point d’appui, la culpabilité perd toute légitimité. Non pas parce que tu nies ce qui a été fait, mais parce que tu le vois à partir d’un espace plus vaste, plus profond, où la faute se transforme en compréhension, et la douleur en maturation.


Il ne s’agit pas d’excuser, mais de comprendre. Il ne s’agit pas de nier, mais de voir avec lucidité. Et cette lucidité, sans jugement, est déjà guérison. C'est ainsi que la lumière en toi œuvre : sans violence, sans accusation, sans exigence. Elle éclaire, elle révèle, elle dissout les chaînes de l’illusion, une à une.

Et dans ce dévoilement, tu redeviens entier.


Riad Zein






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