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Quand le Cœur Pèse, le Corps Souffre


 

Le lien entre l'esprit et le corps est au cœur de la science psychosomatique, qui étudie comment les facteurs psychologiques influencent l'apparition, l'évolution et la chronicité de maladies somatiques. Parmi ces facteurs, les émotions négatives — telles que la colère, la peur, la tristesse ou l’anxiété — jouent un rôle prépondérant. Elles ne se contentent pas de teinter notre vécu mental ; elles laissent également une empreinte physiologique tangible, affectant le fonctionnement des organes et favorisant l'apparition de pathologies.


1. La colère : un poison pour le foie et le cœur

En médecine traditionnelle chinoise et dans certaines théories psychosomatiques modernes, la colère refoulée ou exprimée de manière explosive est associée au foie. Sur le plan physiologique, la colère active le système nerveux sympathique, augmentant la pression artérielle et accélérant le rythme cardiaque. À long terme, cette activation chronique dynamise l’hypertension, les maladies cardiovasculaires et des troubles digestifs liés à la bile.


2. L’anxiété : une érosion lente du système digestif et immunitaire

L’anxiété chronique sollicite en permanence l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien, libérant du cortisol, l’hormone du stress. Cette sécrétion prolongée affaiblit le système immunitaire, perturbe le sommeil et nuit à la régénération cellulaire. Le système digestif, en particulier, souffre : l’anxiété est souvent liée au syndrome de l’intestin irritable (SII), à la gastrite et aux ulcères gastroduodénaux. Les intestins, qualifiés de « deuxième cerveau », sont très sensibles à l’état émotionnel.


3. La tristesse et le deuil : un poids sur les poumons et le cœur

La tristesse profonde, notamment lors d’un deuil ou d’une dépression, affecte les poumons, organe symboliquement lié à la respiration et à la vie. Des études ont observé que les personnes en deuil présentent un risque accru d'infections respiratoires et de pathologies cardiaques. Le syndrome du cœur brisé (ou cardiomyopathie de Takotsubo) est un exemple frappant d’un choc émotionnel provoquant une défaillance cardiaque temporaire.


4. La peur : une attaque silencieuse des reins et du système nerveux

Traditionnellement associée aux reins, la peur chronique — spécifiquement sous forme de stress post-traumatique — peut entraîner une fatigue surrénalienne, affectant la production d'hormones vitales. Cette usure se traduit généralement par une baisse d’énergie, des troubles du sommeil, des douleurs chroniques et une hypersensibilité aux agents pathogènes.


5. Colère rentrée, non-dits et maladies auto-immunes

Certaines recherches montrent une corrélation entre l’habitude de taire ses émotions, particulièrement la colère, et l’apparition de maladies auto-immunes comme le lupus ou la polyarthrite rhumatoïde. Ces pathologies traduisent une guerre intérieure : le système immunitaire se retourne contre son propre corps, comme si l'agressivité refoulée trouvait une issue somatique.


En somme

L’émotion n’est pas qu’un phénomène mental : elle est aussi corporelle, chimique et physiologique. Dans une perspective psychosomatique, les émotions négatives (qui tend à intégrer) persistantes apparaissent comme des agressions internes, capables de déséquilibrer les organes et de favoriser l’apparition de maladies chroniques. Mieux comprendre ces interactions est essentiel pour développer une médecine intégrative, tenant compte à la fois du corps et de l’esprit.


Riad Zein

 

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