Je suis le feu, je suis la cendre

Je suis le feu, je suis la cendre,
ce souffle ancien qui cesse de prendre.
J’ai laissé tomber mes noms, mes murs,
mes attaches d’or, mes peurs obscures.
Tout ce que j’étais, je l’ai vu s’effacer,
comme un mirage sous la clarté.
Ni passé, ni demain, juste l’instant,
où rien ne pèse, où tout est vivant.
J’ai renoncé, non par fatigue,
mais par amour du silence prodigue.
Ce n’est pas fuir, c’est revenir
au cœur nu d’un simple soupir.
J’ai remis ma vie entre les flammes,
dépouillé l’ombre, rendu l’âme.
Non pour mourir, mais pour comprendre
que l’on ne vit qu’en cessant de s’attendre.
Je suis tombé, je me suis tu,
jusqu’au lieu sans forme et sans but.
Et dans ce rien, vaste et profond,
j’ai entendu l’écho d’un Nom.
Alors je suis né, sans passé,
sans désir, sans identité.
Là où tout brûle, tout s’élève :
je suis la braise, je suis le rêve.
Je suis le Phénix, sans flamme ni cri,
un chant de lumière dans l’infini.
Non pour briller, non pour paraître,
mais pour aimer… et disparaître.
Riad Zein