L'Intellect, la Logique et la Vérité Perçue

1. Le Culte de la Raison : L'Obstacle à la Réalité (L'Hallucination)
L'expression « culte de la raison » (ou de l'intellect) désigne une tendance à sacraliser la pensée analytique et la logique comme la seule source de connaissance valide.
· Le problème de la sur-confiance : En se reposant uniquement sur le mental, l'individu se coupe des autres formes d'appréhension du réel (l'intuition, le ressenti, l'expérience directe et non-filtrée).
· Le « Monde d'Hallucination » : Si l'on ne se fie qu'à ses constructions mentales, on vit dans une représentation du monde (une carte) et non dans le monde lui-même (le territoire). Cette représentation, élaborée par l'esprit, devient une réalité subjective et déformée, d'où le terme d'« hallucination » ou d'illusion. Sortir de cette hallucination signifie accéder à une perception plus immédiate et non-médiatisée de l'existence.
2. Le Vicieux Cercle de la Logique Erronée
L'affirmation stipule que « Toute démarche logique est compromise si ses fondations sont erronées. » C'est le principe de base de tout raisonnement : la validité (la structure du raisonnement) ne garantit pas la vérité (la justesse des prémisses).
· Logique VS Données : La logique est un outil puissant pour déduire une conclusion à partir de prémisses. Cependant, si les prémisses (les « données » de départ) sont fausses, incomplètes ou biaisées, le résultat de la logique, même parfaitement menée, sera faux.
Exemple : Si je pars du principe faux que "Tous les oiseaux sont rouges" et que je vois un rouge-gorge, ma logique de déduction sera fausse.
Dans cet exemple :
· Prémisse fausse : Tous les oiseaux sont rouges.
· Observation : Je vois un rouge-gorge.
· Déduction : Donc c’est un oiseau, alors il est rouge.
Ce raisonnement semble logique en apparence, mais il repose sur une base fausse. Cela montre que la qualité de la logique dépend de la vérité du point de départ.
👉 Autrement dit, une croyance erronée peut fausser la perception du réel, même si l’on raisonne ensuite de manière cohérente.
· Le Piège du Mental : Le mental humain construit constamment ses prémisses à partir de ses mémoires, de ses peurs, de ses conditionnements et de ses croyances. Il opère donc souvent sur des fondations qui ne sont pas la vérité absolue, mais des vérités relatives et personnelles.
3. La Limite du Mental : Supposition vs. Perception Directe
C'est le point central : « Le mental ne peut que formuler des hypothèses sur la vérité, faute de la percevoir directement, il ne dispose pas des données justes. »
· La Nature de la Vérité (selon cette idée) : La « vérité » ici est présentée comme quelque chose qui doit être ressenti ou perçu directement (une forme de connaissance intuitive ou expérientielle).
· Le Rôle de l'Esprit : L'esprit, ou le mental, agit comme un intermédiaire. Il reçoit des signaux, les analyse, les compare aux informations stockées et en déduit ce qui pourrait être vrai. Il ne peut pas expérimenter la vérité de l'intérieur ; il ne peut que la supposer ou l'inférer.
· Conséquence : Puisqu'il n'a qu'un accès indirect et analytique à la réalité, le mental n'a jamais accès aux « données justes » ou brutes. Il travaille avec des copies, des interprétations et des filtres. En conséquence, les hypothèses qu'il formule, même les plus logiques, ne peuvent être considérées comme la Réalité.
En conclusion, cette pensée suggère que l'émancipation (sortir de l'hallucination) passe par le déplacement de la source de connaissance : de l'intellect qui suppose et analyse (et qui est vulnérable aux erreurs de prémisses) vers une forme de conscience ou de perception qui ressent ou perçoit directement la vérité de l'instant.
Riad Zein
