Amour et aversion
- Riad Zein
- 3 sept.
- 4 min de lecture

Quand tu trembles devant un objet de désir, tu perds tes moyens. Tu es envahi par une vague d’émotions que tu as du mal à gérer. Ce sont les émotions de l’interdit, une sorte de malédiction, une ligne rouge que tu ne peux franchir sans te briser.
Tu poursuis un amour interdit que tu t’es toi-même imposé. Tu as adhéré à des règles de tabou sans vraiment chercher à comprendre leurs conséquences. Toute interdiction est une interdiction à l’Amour : c’est l’acte de non-amour qui blesse, jamais l’amour lui-même.
Tu n’as pas besoin de t’imposer des règles pour avoir une bonne conduite. Il suffit de laisser l’amour guider tes actes, et tu seras en paix en toute chose.
Lorsque tu es face à un objet de désir et que tu te sens mal, observe le sentiment de culpabilité enfoui derrière tes émotions. Offre-le à la Divinité, demande-lui de t’aider à te pardonner et à retrouver l’amour.
Quand tu désires quelque chose sans te donner le droit de l’avoir, tu crées un conflit entre toi et l’objet désiré. Tu cherches alors à posséder ce qui ne t’appartient pas.
L’objet de désir n’est pas une personne : c’est une projection, un objet auquel tu attribues le pouvoir de combler un manque que tu as toi-même créé par l’interdit. Tous tes désirs inassouvis naissent de l’interdiction. Chaque fois que tu es troublé par un objet de désir, tu te confrontes en réalité à une peur déguisée en interdiction.
La seule interdiction réelle est le non-amour. Tu n’as pas besoin de l’imposer : il s’impose de lui-même. Quand tu es face à un désir interdit, ne cherche pas à le conquérir, sinon tu seras frappé par l’interdit. Cet objet appelle une réconciliation intérieure afin de légitimer son existence.
L’objet interdit est mis à l’écart de ta vie : c’est une partie de toi que tu n’as pas encore intégrée. Aime-le au lieu de chercher à le consommer. En l’accueillant, tu lèves le tabou, et tu n’auras plus de problème avec lui. Alors seulement, si tu le souhaites encore, tu pourras le vivre sans conflit.
L’aversion, elle, est la volonté d’écarter un objet ou un sujet de ta vie. Tu dois te réconcilier avec elle de la même manière qu’avec l’objet de désir. Ainsi, tu comprendras que tout désir inassouvi cache une aversion envers ce même objet.
Lorsque tu te réconcilies avec ceux envers qui tu ressens de l’aversion, ton désir inassouvi disparaît. Toutes tes obsessions sont nourries par cette aversion que tu refuses de voir et que tu projettes sur les autres.
C’est l’aversion qui crée le manque. Quand tu désires quelqu’un ou quelque chose d’une façon maladive, cherche ce que tu rejettes en eux et neutralise-le — toujours par l’amour.
Voici quelques illustrations :
1. Désir interdit et culpabilité
Un homme marié se sent attiré par une collègue. Chaque fois qu’il la voit, il ressent un mélange de désir et de culpabilité. Il s’impose intérieurement : « Je ne dois pas ressentir ça ». Mais plus il réprime, plus son obsession grandit.👉 Ici, ce n’est pas l’amour en soi qui est problématique, mais la culpabilité et l’interdiction qu’il se crée. En reconnaissant que ce désir révèle un besoin d’affection, de reconnaissance ou de complicité qu’il n’assume pas, il peut chercher à nourrir ce besoin autrement (par exemple dans sa relation ou par un travail intérieur), plutôt que de le transformer en obsession.
2. L’aversion qui cache un désir
Une femme dit : « Je ne supporte pas les personnes arrogantes ». Pourtant, elle se sent souvent attirée par des hommes charismatiques et confiants, puis finit par les rejeter.👉 Son aversion pour « l’arrogance » cache en réalité un désir d’affirmation qu’elle n’ose pas reconnaître en elle-même. En rejetant chez l’autre ce qu’elle n’assume pas en elle, elle crée une tension entre désir et aversion. Quand elle accepte de développer sa propre confiance, ce type d’attirance/rejet cesse d’être conflictuel.
3. L’objet matériel de désir
Un jeune rêve d’acheter une voiture de luxe qu’il ne peut pas s’offrir. Il en devient obsédé, il compare, jalouse ceux qui la possèdent, se sent frustré et incomplet.👉 Ici, la voiture n’est pas le vrai désir, mais un symbole de reconnaissance, de statut social ou de liberté qu’il pense ne pas avoir. C’est l’interdit (la croyance « je n’ai pas droit à ça » ou « je ne mérite pas ça ») qui transforme ce désir en manque. En travaillant sur son besoin de reconnaissance et en trouvant d’autres manières de se sentir valorisé, l’obsession disparaît.
4. L’amour de soi comme clé
Un adolescent rejette toujours une camarade parce qu’il la trouve « trop collante ». Pourtant, au fond, il est touché par son attention et aimerait être aimé ainsi, mais il s’interdit de l’accepter par peur du jugement de ses amis.👉 L’aversion est donc une protection contre une partie de lui qu’il refuse : son besoin d’attention tendre. En accueillant ce besoin au lieu de le juger, il cesse de projeter son rejet sur l’autre.
En résumé :
Désir interdit = je crois que je n’ai pas droit à quelque chose → cela me crée un manque.
Aversion = je rejette quelque chose chez l’autre → cela cache souvent une part de moi que je n’ai pas intégrée.
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